26 Avr Le bilan de compétences
Le bilan de compétences a fait l’objet de 85 000 demandes
de financement validées en 2021
contre 50 000 en 2020 et 33 000 en 2019.
Aujourd’hui, ce sont essentiellement des femmes (à 80 %) qui se lancent dans cette démarche, selon une enquête* menée en janvier et février 2023 auprès de 668 répondants ayant finalisé un bilan de compétences via la plateforme digitale d’un confrère Même pas Cap. Les bénéficiaires sont le plus souvent âgés entre 35 et 49 ans (52 %) et majoritairement en poste (83 %).
La quête de sens : principal déclencheur
La quête de sens est le premier facteur qui encourage les actifs à passer un bilan de compétences. Paradoxalement, même si elle a distingué les métiers « essentiels » des autres, la crise du Covid-19 n’a pas eu d’impact déclencheur pour 76 % des sondés, selon l’enquête. Plus inquiétant, la souffrance au travail arrive en seconde position des éléments déclencheurs, devant l’envie d’apprendre. Près de 60 % des sondés évoquent le burn-out, la lassitude et le harcèlement comme exemples de souffrance qui les ont conduits à sonder leurs aspirations. « De plus en plus de médecins généralistes nous envoient des clients. Le plus souvent, ce sont des personnes qui vivent des situations de management toxiques », constate Yves Trocheris, co-fondateur de notre confrère en bilan de compétences national. Un bon réflexe, quoique tardif!
Rester discret par conviction
Si les salariés sont de plus en plus nombreux à recourir à un bilan de compétences, ils sont loin de le crier sur les toits. Selon l’enquête de notre confrère MPC, 76 % des sondés n’ont pas parlé de leur démarche à leur employeur, par peur de leur réaction (30 %) ou par conviction que cela ne les regarde pas (60 %).
Les actifs craignent également d’envoyer un signal négatif à leur N+1. « Ils ont peur d’être mis au placard ou de ne pas accéder aux mêmes promotions que leurs collègues de travail. Bref, d’être mal vus par leur hiérarchie… », illustre-t-il.
Sans toujours générer des virages à 180°, les bilans de compétences aboutissent le plus souvent à des changements de métier (43 % des cas), de secteur (31 %) ou de statut (20 %). Les travailleurs sont 17,5 % à avoir évolué professionnellement à l’issue de cette étape, preuve que l’employeur, rarement averti, est pourtant directement impacté par cette démarche.
Une prise de risque pour l’entreprise
Si le sujet est tabou, c’est aussi parce que les bilans de compétences ne constituent pas (ou plus) un réflexe du côté des services RH et des managers. Et pour cause : lorsqu’un bilan de compétences est financé non pas par le CPF du salarié mais par l’employeur directement, le salarié n’a aucune obligation de partager les résultats de son bilan de compétences avec son manager ou les RH.
Les personnes chargées de les réaliser sont d’ailleurs soumises au secret professionnel. « C’est une contrainte légale forte pour les entreprises : c’est comme si elles réalisaient un chèque en blanc, sans savoir ce qu’elles peuvent retirer de cette démarche et en prenant le risque de voir leurs salariés poursuivre leur carrière chez leurs concurrents… », indique Yves Trocheris. En toute logique, les entreprises ne sont pas nombreuses à oser proposer cet exercice de prise de recul à leurs salariés.
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